Théâtre

Faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère, pièce co-écrite avec Émile Brami, composée à partir de textes de Marcel Proust et Louis Ferdinand Céline et mise en scène par Ivan Morane pour le festival d’Avignon 2012.

 

Du 07 au 28 juillet 2012, Chapelle sainte-Claire, Théâtre des halles, en Avignon,


Le 06 octobre 2014 au centre théâtral Na Strastnom, Moscou

et

du 06 janvier au 28 février 2015, Théâtre des Déchargeurs à Paris

 

L’idée de départ est de rapprocher, confronter, opposer, les deux plus grands auteurs français du XXème Siècle ! Et ce à partir de leur mère et grands-mères. L’angle du spectacle étant d’évoquer le judaïsme qui lie – qu’on le veuille ou non – Proust à Céline.

Proust, juif par sa mère, et partiellement en conflit avec ses origines.
Céline, antisémite maximaliste.

Au tout début de la Recherche, le narrateur évoque les rapports complexes entre sa mère, sa grand-mère et la fameuse bonne, Françoise. Celle-ci étant décrite comme rigide, et obéissant à des règles connues d’elle seule, et Proust glisse là une allusion à la cacherout… Il écrit à propos de Françoise : « la déranger dans ses habitudes était comme « faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère ». Cette allusion, placée dès le début de la Recherche, est en réalité, à notre avis, un commentaire de l’auteur sur ses rapports filiaux… En choisissant cette phrase de Proust comme titre du spectacle, non seulement la Compagnie se situe dans la continuité du précédent (sur Céline avec Denis Lavant) : « Faire danser les alligators sur la flûte de pan » (phrase de Céline), mais nous inscrivons surtout les rapports mère-fils dans une forme de cannibalisme saturnien fort intéressante (également réversible, car on peut se demander, dans le cas de ces deux auteurs, si ce ne sont pas les fils qui dévorent les mères ?…

« Mort à Crédit » de Céline répond, à notre sens, à cette interrogation ! Concrètement, le spectacle est composé d’une alternance de textes de Céline et de Proust liés, reliés, soutenus par des interventions musicales pour violoncelle, viole de gambe, percussions, accordéon… Lorsqu’il s’agit de textes, lettres des mères et/ou grands-mères, la voix de Marie-Christine Barrault est diffusée.

Un rapprochement encore jamais osé entre ces deux « monstres » de la littérature française qui, nous l’espérons, provoquera le rire, engagera à la réflexion, éclairera leurs œuvres sous un angle novateur, et donnera tout simplement l’envie de les (re)lire !

Ivan Morane

ADDENDUM :

La pièce a été sélectionnée par La Provence, comme l’un des dix meilleurs spectacles du Off 2012, parmi 1161 productions.